La Réserve Naturelle de Petite-Terre est un joyau de Guadeloupe, souvent méconnu. Loin des circuits touristiques, on y trouve une faune et une flore préservées. En grande partie maritime, cette réserve fait l’objet d’une attention particulière des espèces endémiques.
On peut visiter la Réserve Naturelle de Petite-Terre sous certaines conditions qui permettent la protection de cette biodiversité exceptionnelle.
Petite-Terre, une île devenue Réserve Naturelle
Petite-Terre se situe dans l’archipel de la Guadeloupe au sud-est de Grande-Terre. Elle est composée elle-même de deux îlets : Terre-de-Bas et Terre-de-Haut. Un chenal de 150 mètres passe entre les deux îlets et forme un lagon.
La réserve naturelle s’étend sur 990 ha dont une zone marine de 842 ha. Elle fait partie du territoire communal de La Désirade qui possède également une réserve naturelle. L’île de Petite-Terre a été classée « réserve naturelle » le 3 septembre 1998. Les limites de la réserve sont matérialisées par 6 bouées jaunes. Les territoires sont partagés entre le Conservatoire du Littoral, la FDL et l’ONF. L’Association TITE, domiciliée à la Désirade, participe à la gestion de ce patrimoine naturel.
Cette île aujourd’hui inhabitée n’a pas toujours été un lieu dédié à la nature. Des tribus Arawaks et Caraïbes ont été les premiers habitants de Petite-Terre. Des poteries, des outils et divers vestiges témoignent de leur présence. Christophe Colomb découvre l’île en 1493. C’est seulement au 18ème siècle que l’île sera colonisée par des Européens venus de La Désirade. La principale activité devient alors la culture du coton. En 1858, on recensait 28 habitants sur Petite-Terre. Un siècle plus tard, 7 familles cultivent encore les terres, pêchent ou élèvent des animaux. Dans les années 70, les derniers habitants, le couple de gardien du phare, quittent l’île.
La réserve marine de Petite-Terre
Petite-Terre comprend plusieurs milieux maritimes : la barrière de corail, la lagune, les herbiers. Ces espaces naturels ont permis de protéger et de favoriser la faune et la flore.
La barrière de corail est composée de quatre principaux types de coraux. Elle s’étend au nord de Terre-de-Haut. Les poissons y trouvent un lieu de vie à l’abri de la houle. La lagune située entre Terre-de-Haut et Terre-de-Bas est le paradis des plantes aquatiques. Elle peut être comparée à une prairie. On y trouve des herbiers marins et plus de trente-huit espèces d’algues. C’est un milieu idéal pour les poissons, les mollusques comme les lambis et les crustacés. Les tortues marines viennent pour pondre et trouver leur nourriture. Ces sites sont extrêmement protégés, certaines zones sont strictement interdites.
De nombreuses espèces vivent et se reproduisent dans cette réserve. On y trouve la plus grande population de requins citrons des Antilles françaises. Les poissons tropicaux foisonnent tel le chirurgien noir, le poisson trompette, le Perroquet feu tricolore. Les raies Pastenague Léopard se plaisent dans ces eaux. On trouve tous les crustacés communs, langoustes, oursins et crabes.
Vous pourrez observer de grands mammifères marins comme le Grand dauphin ou la baleine à bosse.
Les équipes de scientifiques et de volontaires font régulièrement des prélèvements, des comptages et des observations.
La faune et la flore terrestres à Petite-Terre
Même si la zone terrestre de la réserve naturelle est moins vaste, elle reste importante. Animaux et plantes endémiques y vivent et sont protégés.
L’iguane des Petites Antilles en est un parfait exemple. Classée comme espèce en danger en 2010, un plan de sauvegarde lui est consacré. Cette espèce inoffensive et herbivore peut mesurer 1m60 et peser 3kg. On dénombre aujourd’hui pas moins de 10 000 individus. Les iguanes sont capturés et marqués afin de les observer et d’assurer leur survie. Leur plus grand ennemi est l’iguane commun, c’est pourquoi leur introduction est strictement interdite. Le scinque est un reptile rare et endémique qui a failli également disparaître. Sa présence a été récemment observée et fait l’objet de recherches.
Il existe deux types d’oiseaux à Petite-Terre, les sédentaires et les migrateurs. On peut trouver jusqu’à 150 espèces différentes d’oiseaux. Vous pourrez observer toute l’année le Sucrier, l’Huîtrier, la Paruline. Au printemps et en automne, vous croiserez des Coulicous, des Tournepierres ou des Petites Sternes.
Le Bernard l’ermite de Petite-Terre, qu’on nomme aussi Souda, peut atteindre une taille impressionnante. Il élit domicile dans des coquilles de burgos et vit principalement dans des zones humides.
Concernant la flore, Terre-de-Bas possède la seule espèce endémique de gaïac. Il s’agit d’un arbre de petite taille au bois dense. Plusieurs phases de replantation ont permis à une trentaine de plans d’être réintroduits.
Comment venir à Petite Terre ?
La règlementation est stricte afin de préserver le fragile écosystème de Petite-Terre. Terre-de-Haut est réservée aux scientifiques et aux personnes autorisées depuis juin 2001. Seule Terre-de-Bas est accessible aux visiteurs. Il n’est pas possible de débarquer à l’improviste alors prévoyez à l’avance votre visite. De même, prévoyez votre habitation pour être au plus près de la zone de départ. Vous trouverez des sites qui proposent de vous mettre en relation directement avec des propriétaires de villas et appartements. La location entre particuliers est souvent la solution la plus économique.
Il est interdit de jeter l’ancre dans le lagon ou de débarquer sur les plages. Il vous faudra réserver un mouillage uniquement dans la zone d’accueil avant de venir. La réservation est payante, 20 euros par jour et par bateau et 2,50 euros par personne. Une journée correspond à une arrivée à 10h et à un départ à la même heure le lendemain. Une demi-journée commence à 10h et se termine à 17h. Ce financement permet d’entretenir les dispositifs d’accueil de l’île. Vous pouvez faire appel à plusieurs prestataires autorisés à partir de la marina de Saint-François en Guadeloupe.
Depuis la plage, vous pourrez suivre un sentier pédagogique avec des panneaux thématiques. Des plaquettes vous sont distribuées pour vous rappeler les principales consignes sur l’île. Entre autres l’interdiction d’accès à Terre-de-Haut, abandonner des détritus, prélever des végétaux, animaux ou du bois est sanctionné. Toutes les précautions évidentes sont prises pour ne pas déranger la faune et la flore.
Le plan de Petite-Terre en Guadeloupe
Voici les principaux lieux de Petite-Terre. Tout d’abord, les plages de sable principalement au nord-ouest de Terre-de-Bas et sud-est de Terre-de-Haut. Quelques plages au sud de Terre-de-Bas sont les lieux de ponte des tortues marines. Près des plages, vous pourrez observer des roches sédimentaires appelées beach-rocks. Il s’agit de grosses dalles de roches sédimentaires formées par les coraux et le sable.
Plusieurs salines se trouvent au nord et à l’ouest de Terre-de-Bas. Elles sont formées par la pluie et l’eau de mer portée par les vagues. Elles constituent un lieu de rendez-vous pour les nombreux oiseaux de l’île.
Les terres sont contrastées. Au sud de Terre-de-Bas, le sol est sec et les vents arides. Vous serez impressionné par les grandes agaves qui peuvent atteindre 11 mètres de haut. Dans la partie ouest, on trouve de petites forêts et surtout le fameux Gaiac, un arbre étonnant en voie de disparition.
Une fois sur l’île, n’oubliez pas de visiter le Phare surnommé Phare du bout du monde. C’est le plus ancien de la Guadeloupe, mis en activité en 1840. Il est aujourd’hui automatisé et inscrit aux Monuments Historiques. Vous y trouverez une salle d’exposition dans sa partie basse.